Le comportement agressif d’un supérieur hiérarchique peut créer un accident imputable au service
Dans la jurisprudence, à l’époque comme aujourd’hui, l’accident survenu à un fonctionnaire, quelle qu’en soit la cause, dans le temps et le lieu du service, dans ou à l’occasion des fonctions ou d’une activité qui en constitue le prolongement normal, est présumé imputable en l’absence de faute personnelle de l’intéressé ou de toute autre circonstance particulière le détachant du service (article L. 822–18 du CGFP).
Le 2 septembre 2016, le policier alors en service a une vive altercation avec le premier adjoint au maire, qui le poursuit dans les couloirs du service, le bloque dos à une armoire en lui criant d’exécuter ses consignes, et en pointant son doigt vers lui. Le 5 septembre, le médecin de l’intéressé certifie un arrêt maladie pour un stress post-traumatique. Le 19 octobre, un psychiatre mandaté par la commune conclut également que l’incident survenu sur le lieu de travail relève d’un accident de travail et que l’arrêt est imputable au service. Le 7 décembre, le conseil médical se déclare favorable à une imputabilité jusqu’au 15 décembre et, le 22 mai 2019, l’instance réaffirme l’imputabilité du congé de longue durée au service.
Pour justifier son refus, le maire indique qu’une faute personnelle du fonctionnaire est à l’origine de l’arrêt. Mais rien ne montre que le policier ait été à l’origine de l’altercation, le premier adjoint ayant été le seul à faire l’objet d’un rappel à la loi pour « avoir exercé volontairement des violences, en l’espèce en haussant le ton et en pointant du doigt la victime ». Contrairement aux indications de la commune, l’agent n’a pas refusé ce jour-là d’exécuter pour un motif illégitime l’ordre donné par l’adjoint de dresser immédiatement un état des lieux de la salle des fêtes, dans la mesure où il devait également assurer l’exécution d’un arrêté d’interdiction de stationnement avant son entrée en vigueur. Il n’a pas davantage, par ses attitudes, conduit l’élu à adopter un comportement excédant l’exercice normal de son mandat local.
Dans ces conditions, la commune ne pouvait pas refuser d’imputer au service les congés de longue durée dont le policier a bénéficié à compter du 16 décembre 2016.
CAA Marseille n° 23MA00268 M. B du 28 juin 2024.
Donner des ordres n’est pas l’exercice le plus facile pour un manageur. Il faut savoir mobiliser ses équipes, arbitrer certaines situations… ce qui nécessite des aptitudes de communication. Quelques conseils :
- N’exigez pas, expliquez : lorsque l’on donne des consignes, il faut expliquer leurs fondements et leur mise en œuvre : pourquoi et comment, afin de motiver ses collaborateurs.
- Soyez sûr de vous : avoir le titre de chef de service ne suffit pas. Il faut aussi montrer de l’assurance face à ses responsabilités. Pour cela, ayez de l’autorité sans être autoritaire.
- Fixez un cadre clair : pour que les consignes soient comprises de tous, il faut donner un minimum d’informations. Dites « voilà ce qu’on va faire » et donnez ensuite la liste de tâches, les délais, les objectifs. Hiérarchisez les priorités.
- Adaptez votre communication à chaque interlocuteur : le manageur doit adopter différents types de discours : plus directif avec un agent inexpérimenté, rassurant avec un collaborateur fragile, délégatif avec un collaborateur autonome, participatif avec une équipe investie, persuasif face à un réfractaire.
Paul DURAND
Pierre-Yves Blanchard le 20 mai 2025 - n°1905 de La Lettre de l'Employeur Territorial
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